Avril 2020
« Ma Princesse »
Un jour quelqu’un m’a fait une remarque sur cette expression.
Mais ce n’est pas le terme « princesse » qui choquait, mais le pronom possessif « ma ».
La critique était la suivante : je serais possessif envers la femme qui partagera ma vie.
Je ne saurais dire si c’est une déformation de la langue française ou une véritable réflexion autour de cette idée que je puisse appeler une jeune femme « ma princesse ».
En fait je le vois plutôt comme un « pronom possessif inversé ».
Je m’explique, et je vais me permettre une analogie – même si je pense que rien ne peut être comparé à l’importance d’un mari ou d’une femme dans la vie de quelqu’un.
On dit bien « c’est MON mari », « c’est MA femme », « c’est MA fille », « c’est MON papa »… sans qu’il n’y ai rien de possessif dans ces expressions.
Comment réagiriez-vous si quelqu’un vous disait « c’est mon enfant, je le possède, il m’appartient » ?
Sans doute crieriez-vous au scandale, et à juste titre. Idem dans une relation de mariage, ou simplement de concubinage.
Nous sommes tous d’accord sur le fait que nous sommes chacun des êtres libres, sans appartenance d’aucune sorte.
Je me projette un jour avoir des enfants (honnêtement, je suis encore très loin d’en avoir, si bien que parfois je doute même d’en avoir un jour). Je me vois très bien les aimer, et cela implique de nombreuses choses me concernant : m’engager dès aujourd’hui à être une meilleure personne chaque jour, m’engager dès aujourd’hui à donner le meilleur de moi-même pour combler leurs besoins matériels, et également m’engager dès aujourd’hui à être un père présent, à l’écoute, bienveillant, attentionné, stimulant, et qui leur permets de grandir et développer leurs dons selon ce qu’ils sont.
Mais si j’analyse tout cela, en cherchant la finalité de ce que je veux offrir à mes enfants et l’expression de mon amour pour eux, je dirais que je souhaite leur offrir une entière liberté d’être et de révéler ce qu’ils sont intrinsèquement.
En disant « c’est mon fils » ou « c’est ma fille », je n’admets qu’une seule chose : je suis responsable de leur offrir la liberté d’être.
Et cela passe par plusieurs choses, comme l’éducation, l’apprentissage, la confrontation à l’inconnue, l’expression de leurs dons vers une expertise de ces dons ; la compréhension du monde et de son fonctionnement, l’intégration de concepts, l’expérience et la réflexion…. Et bien d’autres choses encore.
Cela passe également par la capacité d’investir avec eux, d’investir sur leurs idées, et idéalement leur permettre de faire des erreurs au niveau financier. [Investir du temps, parfois de l’argent]
Je ne dis pas que je ne serais jamais agacé par leur façon d’être, ou que je ne serais jamais en colère contre eux. Ou encore que je serais toujours au top de ma forme, et rempli d’énergie pour agir de la façon décrite un peu plus haut. Ce serait profondément irréaliste de ma part.
Mais c’est pour moi un engagement réaliste que de se fixer cet objectif, et d’être suffisamment intègre face aux enfants pour leur parler de mes difficultés (s’ils sont en âge de les comprendre) ou de leur demander pardon quand j’ai une réaction excessive ou que je les blesse.
Je pense aussi qu’il est important d’avoir un comportement exemplaire envers les autres, et d’agir avec la même intégrité face à chacun. Et pour moi, la relation de couple est l’exemple principal à protéger, et en ce sens, la relation de couple devient ma principale priorité – devant ma relation avec mes enfants.
Après tout ce que je viens de dire sur ce qu’implique pour moi le fait de dire « c’est MON enfant », je reviens à cette expression « Ma princesse ».
Te dire que tu es « ma princesse » c’est te dire que tu deviens l’archi priorité de ma vie. C’est te dire encore que je vis comme ayant une responsabilité envers toi d’être une meilleure personne chaque jour, et de te faire profiter premièrement toi de la personne que je deviens.
Il s’agit d’une responsabilité envers toi, dans laquelle je m’engage chaque jour à devenir meilleur, non seulement par amour pour toi, mais aussi par respect pour toi. Et cette responsabilité m’engage à devenir meilleur dans mon comportement, dans mes idées, dans ma façon de penser, dans ma façon d’être envers les autres.
Mais je comprends également que de faire de toi ma priorité de vie, nécessite également et premièrement de prendre soin de moi.
Si je n’ai plus d’énergie quand je rentre le soir, comment puis-je honorer cet engagement ?
Si je grossi et devient gras, sans prendre de mesures pour comprendre puis inverser cette tendance, comment puis-je te respecter ?
Si je ne suis pas responsable et stratégique dans mes finances et mes affaires, comment pourrais-je prendre soin de toi et de notre famille ?
(Je n’ai rien contre le fait que tu gagnes plus que moi, où que toi seule gagne de l’argent pour faire vivre notre famille – si cela s’inscrit dans notre projet de couple et projet familial)
Alors vois-tu, si je t’appelle « ma princesse », ce n’est ni pour dire que tu m’appartiens, ni parce que je suis possessif. Ce n’est ni l’un ni l’autre.
SI je t’appelle « ma princesse », c’est parce que je me sens responsable de la qualité de notre relation, de la qualité de nos échanges et de notre vie ; C’est parce que je mesure pleinement ma part de responsabilité dans ce que nous vivons et que je tiens à t’offrir le meilleur de ce que je suis, parce que j’ai un profond respect pour toi, et que j’éprouve pour toi un amour divin.
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